Bien vivre en Yvelines

JEMA 2021 : J’ai testé pour vous… Être restauratrice de vitraux !

A l’occasion des Journées Européennes des Métiers d'Art 2021, à défaut de pouvoir cette année pousser la porte des nombreux ateliers qui œuvrent chaque jour sur le territoire yvelinois, nous sommes partis à la rencontre d’Isabelle Baudoin, restauratrice, entre autres, des vitraux exposés au Musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye. Elle nous raconte sa passion et tous les détails de ce métier peu connu. Tout un univers à découvrir.

Vitrail, mon beau vitrail…

Le vitrail occupe une place privilégiée dans l’imaginaire du public. Vibrant, mystérieux, fascinant, impressionnant dans sa configuration monumentale et pourtant fragile par nature, le « patrimoine vitrail » français est à juste titre aimé, admiré, même si toutes ses dimensions, en particulier esthétiques et religieuses, sont complexes et insuffisamment expliquées dans les édifices.

La science au service de l’art

Pour les mêmes raisons, la profession de restaurateur de vitraux fascine et toutes les rencontres faites en chantier expriment un avis unanime : « Quel travail minutieux, quel beau métier… ». Paradoxalement, un flou complet accompagne cette remarque spontanée car le public est dans l’ignorance de ce qu’est la réalité du métier.

Certaines personnes ont tendance à penser que le restaurateur ne fait « que » repeindre les vitraux, mais ce n’est pas du tout le cas.

Pour en savoir plus, rendez-vous entre les mains savantes d’Isabelle Baudoin, de l’atelier vitrail Baudoin, restauratrice de vitraux depuis 30 ans.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

« J’ai eu la chance d’avoir des parents amoureux du patrimoine bien que n’étant pas du tout du métier. Tous les dimanches et lors des vacances, avec les Guides Verts sous le bras, le plaisir était de découvrir des lieux, des objets, des artistes. L’envie de « soigner » le patrimoine a émergé quand j’ai découvert, je crois que c’était en 1980, l’exposition sur la science au service de l’art au Grand-Palais. Le choix du vitrail s’est fait plus tard lorsque j’étais déjà à l’Université. Un coup de foudre pour ces monumentales peintures de lumière dont la restauration me permettait de toucher des matériaux différents, métaux, verres, peintures. »

Quelle formation avez-vous suivie?

« La formation en conservation-restauration des biens culturels dispensée par l’Université Paris I Panthéon Sorbonne accompagnée de multiples stages en atelier. »

En quoi consiste ce métier ?

« D’abord à observer la nature et l’état de conservation des vitraux qui nous sont confiés, puis à comprendre leur histoire. Comme les vitraux sont des  » assemblages » de verres et de plombs, mais aussi de panneaux à l’échelle d’une verrière, il y a souvent eu des bouleversements au cours des siècles : des destructions, des déplacements, des restaurations. Les matériaux qui les constituent, les verres (fragiles par définition !) mais aussi les plombs, les peintures vieillissent et s’altèrent au fil du temps. Notre travail consiste à définir et mettre en œuvre les actions nécessaires pour assurer une bonne conservation dans le futur, en concertation avec les conservateurs, architectes, maires de commune, ou propriétaires privés. Cela passe par des actions directes comme pratiquer un nettoyage, consolider une résille de plombs, « boucher les trous » en réalisant des pièces neuves…mais aussi par des conseils de protection ou d’amélioration des systèmes de présentation ou de stockage dans les musées par exemple. »

En fait, être restaurateur de vitraux c’est redonner une seconde vie à un vitrail en le rendant plus « lisible » aux yeux de tous.

Bien sûr, les interventions ne se font pas comme ça. Plusieurs étapes sont nécessaires avant de passer à la phase de « restauration » à proprement parler :

En outre, il faut respecter une certaine déontologie dans une intervention de restauration. Pour cela, trois points-clés à retenir :

Quelle restauration vous a rendu la plus fière ?

« Difficile à dire… Il y a bien sûr les travaux menés sur des sites emblématiques comme Chartres ou les travaux pour les musées nationaux, mais aussi ceux consacrés à des cas « sévères », comme par exemple à la cathédrale de Limoges après l’explosion dans le haut-chœur en 2015, à Notre-Dame au moment des déposes d’urgence, ou encore dans une chapelle privée où il a fallu sauver des vitraux médiévaux emmurés ! »

Une anecdote, un détail sur une œuvre du Musée départemental Maurice Denis restaurée ?

« Lors du travail sur l’œuvre délicate de la Présentation au Temple (NDLR, à découvrir sur le portail des collections du Musée Maurice Denis), j’aurais rêvé voir ces vitraux à leur place d’origine dans l’hôtel particulier de Denys Cochin! Ayant ôté pour les besoins de l’intervention la plaque de diffusant blanc placée au revers de chaque panneau dans le caisson de présentation, j’ai vu à quel point la perception de la couleur, de la transparence, et de la texture des verres en était modifiée. Qui plus est, selon l’éclairage, naturel venant de la fenêtre placée derrière le panneau central, ou artificiel par les spots placés dans le caisson, on avait encore une autre vision…Bref…comment présenter ces vitraux en musée pour restituer au mieux l’effet original voulu par l’artiste ? Quel casse-tête ! »

Faire du yoga à l’ombre des frondaisons ? Ecouter un conte allongé dans l’herbe ? Le Musée départemental Maurice Denis ouvrira gratuitement ses jardins du 5 au 20 juin et proposera de nombreuses animations durant les trois weekends. Les salles d’exposition, quant-à-elles, ouvriront leurs portes le 18 septembre. 

Pour en savoir plus sur le travail d’Isabelle Baudoin, rendez-vous sur son site internet :  www.vitrail-baudoin.com 

Retrouvez l’intégralité des manifestations relatives aux Journées Européennes des Métiers d’Art 2021 sur  www.journeesdesmetiersdart.fr